Dans l’univers du textile haute performance, il y a un nom que l’on croise bien souvent : DuPont. Cette société américaine est partout où l’on évoque les tissus techniques fabriqués à partir de polymères.
Kevlar, Néoprène ou encore Téflon ont été inventés par les ingénieurs de l’entreprise DuPont qui, aujourd’hui, ne se contente pas de développer uniquement des tissus bien sûr. DuPont représente aujourd’hui plus de 65 000 salariés et des branches de développement très diversifiées allant de l’électronique aux matériaux d’exécution en passant par l’agriculture et la nutrition. Vous l’aurez compris, la firme américaine à l’origine des polymères est un géant qui a donné naissance à de nombreuses entreprises et technologies dont les noms sont aujourd’hui bien connus : citons notamment la société Lycra et sa technologie CoolmaxⓇ.
Nous avons tous vu en parcourant les rayons des magasins la petite étiquette qui mentionne la présence de la technologie Coolmax dans tel ou tel vêtement. Mais alors, en quoi consiste ce tissu ? Quelle est sa petite histoire et quel est son avenir industriel ? Réponse détaillée !
Retraçons d’abord l’histoire entrepreneuriale de ce sigle si réputé.
Tout commence donc avec la société DuPont, aussi connue sous le nom “DuPont de Nemours”. DuPont débute son histoire au tout début du 19e siècle dans le Delaware : le chimiste franco-américain Éleuthère Irénée du Pont de Nemours ouvre alors son usine de fabrication de poudre à canon et devient, de fil en aiguille, le plus gros groupe industriel de chimie du siècle. Car, si DuPont fournit les corps d’armée lors de la guerre civile américaine, l’entreprise établit également des laboratoires industriels chargés de travailler sur la chimie de la cellulose et des laques. C’est ce pan de recherche qui conduit la firme à créer, en 1919, ce qu’elle appelle le “comptoir des textiles artificiels”.
Grâce à la diversification de son activité, DuPont parvient à se faire connaître en inventant en 1938 le Téflon, puis dans les années 1950, des matériaux innovants comme le Dacron, le Lycra, le Corian ou encore l’Orlon, mais aussi un peu plus tard, le Kevlar.
Au gré des différentes tractations et associations, les technologies inventées par les ingénieurs de DuPont sont cédées à d’autres noms de l’industrie mondiale. Aujourd’hui, la marque CoolmaxⓇ appartient donc à la société Lycra, spécialiste des fibres en nylon (les fameux collants) et également propriétaire de la technologie ThermoliteⓇ.
Notez que Lycra est, depuis 2019, une filiale du géant Invista, actuellement leader du marché du nylon dans le monde. Le brevet qui a permis l’invention de la technologie CoolmaxⓇ est quant à lui tombé dans le domaine public.
Un tissu CoolmaxⓇ c’est un tissu technique anti-humidité. Plus précisément, la technologie CoolmaxⓇ a été développée pour évacuer l’humidité vers l’extérieur du tissu et rendre les vêtements de sport plus confortables à porter.
L’idée est donc de drainer la transpiration pour ne pas en être prisonnier dès que l’on fait un effort physique. Le fil conducteur de la marque Coolmax est la fraîcheur et le confort, quelle que soit la saison : un vêtement fabriqué à partir de polyester CoolmaxⓇ est développé pour que le consommateur reste au frais et au sec quand il fait chaud, mais conserve la chaleur lorsqu’il fait froid.
Si l’on entre un peu plus dans le détail de la technologie, le CoolmaxⓇ est d’abord un polyester qui, vu de près, est composé d’un groupe de fibres creuses. Les filaments de polyester forment en fait des microtubes permettant de drainer l’eau : lorsqu’une bulle d’eau pénètre dans un tube, la physique élémentaire l’expulse automatiquement. On obtient un tissu anti-humidité respirant, léger, facile à entretenir et qui peut absorber jusqu’à 13 fois moins l’eau par rapport au nylon.
Aujourd’hui, la technologie CoolmaxⓇ jouit d’une belle notoriété auprès des consommateurs qui souhaitent porter des vêtements techniques anti-humidité. La marque a réussi le pari d’être reconnue en un clin d’œil grâce à des étiquettes fournies aux distributeurs et qui permettent de justifier et de faire accepter un coût final plus important que pour un vêtement générique.
À l’heure où l’univers textile de masse est clairement remis en question par les impératifs écologiques, CoolmaxⓇ devait se mettre au diapason. En 2024, parler de CoolmaxⓇ c’est désormais uniquement évoquer “CoolmaxⓇ Ecomade”.
Rappelons que la marque s’adresse principalement à des sportifs et à des passionnés d’activités en pleine nature de plus en plus sensibilisés à l’impact de leur dressing sur la planète. La fibre de polyester (une fibre synthétique donc) à l’origine de CoolmaxⓇ est maintenant composée de bouteilles en PET et de déchets 100% textiles. La marque de Lycra se targue donc de réduire ses émissions de CO2 de 25% par rapport à la production conventionnelle de polyester, elle diversifie ainsi son marché en s’adressant à des distributeurs axés sur des produits plus durables.
Ajoutons à Coolmax Ecomade tout un tas de nouvelles technologies développées avec l’étiquette “green” : Natural Touch, mais aussi Ecomade Pro, Ecomade Toutes saisons et FreshFX.
Si l’on peut féliciter CoolmaxⓇ de s’être aligné sur des valeurs plus durables et davantage en phase avec les principes de ses cibles, le cœur même de la technologie initiale peut souffrir de quelques limites.
Dans l’univers du sport, un tissu CoolmaxⓇ est intéressant parce qu’il sèche vite et qu’il draine l’humidité facilement. Le problème c’est qu’il s’agit de polyester : le consommateur a l’habitude de savoir qu’un tel tissu synthétique a l’inconvénient désagréable de ne pas résoudre le problème des bactéries et donc des odeurs ! On a tous dans nos dressings un t-shirt de sport lavé mille fois et qui sent encore la transpiration…
Si on élargit l’utilisation du CoolmaxⓇ à l’univers de la moto, on fait face à un problème de taille : la chaleur de l’abrasion. De nombreux vêtements de moto utilisent du kevlar associé à du Coolmax : on résout alors le problème de la chaleur intense provoquée par le kevlar en gérant un peu mieux la transpiration. Mais Warning : en cas d’abrasion, le polyester fond à partir de 180°. On se retrouve avec un vêtement qui subit un très fort échauffement, qui protège de l’abrasion, mais qui va tout simplement fondre sur la peau.
La gestion de la transpiration et de la surtempérature ne se trouve donc pas automatiquement dans le polyester ! Les fibres naturelles, elles aussi, peuvent gérer la transpiration : pensons notamment au coton, à son aspect hydrophile et à sa capacité à assumer les pics de température.
Si DuPont a rebattu les cartes du textile conventionnel et révolutionné le monde des polymères, les fibres haute performance ont encore de belles évolutions devant elles. Profiter des avantages du coton par exemple, et imaginer un tissu monocouche aussi confortable qu’un jean c’est aussi répondre à la gestion de la transpiration. Il reste encore mille et une associations et mille et une idées pour métamorphoser le monde du textile vers des produits ultra performants, durables et qui ne souffrent pas d’inconvénients limitatifs. Cette révolution est déjà en marche depuis 17 ans avec l’ARMALITH.
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